LA PRESENCE DE CLUNY A CHARBONNIERES

Charbonnières, à la différence d’autres villages comme Laizé, n’a pas fait partie des domaines importants possédés par les abbés de Cluny,
ceci s’expliquant par le fait que l’église St Bonet appartenait au chapitre St Vincent de Mâcon puis à l’abbaye de St Pierre au X-XIIè siècle.

Néanmoins, dans l’ « Inventaire général des Titres de l’abbaye de Cluny » rédigé en 1682 par  Claude Xoquet, secrétaire de la chambre abbatiale, on note la ratification vers 1110 de la donation d’une terre faite par Nardin et Olard de Sales (Narduinus de Sala ejusque frater Oelardus) à l’abbaye de Cluny  ; il s’agit d’ « un pré considérable entouré de fossés situés à Charbonnière proche  Laizé, du règne de Louis, roy de France ». Cette donation qui se trouve entre le village et la Mouge, en aval du moulin de la Croix, permet aux abbés de Cluny de posséder un vaste terrain à Charbonnières. Ils vont y construire une ferme fortifiée, le « domaine des Granges », en bord de la Mouge un peu avant la limite avec La Salle au niveau du Bief-Tord . Outre des terres cultivées et des bois, ce domaine était surtout composé d’une « maison avec une haute tour, chambres hautes et basse, combles à tuiles creuses et lauses, avec une cour au-devant dans laquelle était un puits ; ladite cour fermée de murailles à mortier de chaux avec un pont de pierres à l’avancée de ladite cour ou paraissait un portail en pierres de taille. Ladite maison des Granges enceintes de toutes parts de fossés plein d’eaux ». L’ensemble bâtiment, cour, fossés, etc.… avait une « contenance de sept coupées mâconnaises » (2 700 m² environ). A Charbonnières, ce domaine des Granges était considéré comme « maison forte » et il y est dit que « les habitants venaient s’y réfugier quand ils avaient besoin de se protéger ».

Le 22 juin 1590, le sieur de Chappon signe un contrat avec les religieux de Cluny pour l’exploitation de ces terres et suite à son décès, sa veuve Marguerite de Messey passe un accord de rétrocession avec les abbés de Cluny le 26 janvier 1596. Charles Descrivieux, seigneur de Charbonnières, qui cherche à étendre ses propriétés sur la commune, en profite et passe un contrat avec les religieux de Cluny les 16 et 22 mars 1596, paye 562 écus et 30 sols pour reprendre l’exploitation des terres, le domaine restant néanmoins la propriété des abbés de Cluny.

Vers 1600, Charles Descrivieux et son fils font démolir le bâtiment, jugeant que cette ferme fait double emploi avec celles qu’ils possèdent déjà, et en même temps ils décident de stopper le versement de certaines taxes (calculées sur les bâtiments construits) aux abbés de Cluny, arguant que… les bâtiments n’existent plus ! Les abbés enclenchent une procédure judiciaire qui durera longtemps avant que la famille Descrivieux ne soit condamné en 1667 à verser les arriérés de taxes calculées sur plus de 60 ans.

En 1678, criblée de dettes, la famille Descrivieux fait don de tous ses biens aux sœurs carmélites de Mâcon, qui reprennent un peu plus tard les terres appartenant aux abbés de Cluny, mettant fin à leurs présences sur Charbonnières.

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