LA CONSTRUCTION DU POIDS PUBLIC

Le 19 février 1893, le conseil municipal évoque la construction d’un pont à bascule sur la commune, « que les habitants de Charbonnières verraient avec satisfaction ». 
​​​​​​​Le maire propose comme emplacement un excédent de chemin d’environ 2 ares « très bien placé pour cette installation », face à l’église.
Le 2 juillet 1893, le conseil municipal approuve la proposition de l’entrepreneur Tête à Sennecé pour la réalisation du bâtiment. Le devis « s’élève à 976, 85 francs, non compris les fouilles ». Pour des raisons que nous ignorons, le projet est stoppé puis est repris l’année suivante.
Le 28 janvier 1894, le maire soumet le marché passé avec Monsieur Lalive, balancier à Mâcon : « un pont à bascule à double romaine de la force de 6 000 kilogrammes, établi sur charpente en fer », avec les plateaux du tablier « en cœur de chêne de 7 centimètres d’épaisseur sur 4,10 mètres de longueur et 2 mètres de largeur » ; la bascule posée et prête à fonctionner est au prix de 750 francs.
Le 11 février 1894, le maire reprend contact avec l’entrepreneur Tête pour le bâtiment, obtient un rabais de 25,13 francs sur le devis initial et le conseil donne son aval pour la construction du poids public. Le bâtiment et le pont à bascule sont réceptionnés courant 1894, le paiement des deux entrepreneurs s’effectuant à partir des fonds propres de la commune.

SON FONCTIONNEMENT

C’est le conseil municipal qui détermine les tarifs et nomme le préposé au pesage ; le plus souvent il s’agit de l’aubergiste-épicier de la commune : ce dernier est en charge de contrôler le pesage et de percevoir les sommes dues. Sur cette somme, la moitié va à la commune, et l’autre moitié reste au préposé. En 1901, par exemple, l’aubergiste Monsieur Ducroux  et la commune se sont partagés 45 francs pour environ 200 pesages sur l’année, soit un coût d’une vingtaine de centimes par passage.

LE PESAGE

Dans le « registre de pesage », on retrouve beaucoup de bétail (bœufs, veaux, vaches, cochons et chevaux), des chars de paille, de foin et de fumier, du bois et de temps en temps des matériaux comme du fer ou de la pierre. A partir des années 1920 on voit apparaitre la betterave et plus rarement la pomme de terre. En 1939, on comptabilise environ 150 pesages sur l’année et durant la seconde guerre mondiale le nombre avoisine la trentaine avant de remonter à une centaine les années suivantes.
Dans les années 1960, on n’effectue plus que 60 pesages. Le poids public sert encore un peu pour le bois mais est surtout utilisé pour le bétail et le foin ; on trouve aussi de la volaille (des remorques de 1,5 à 2 tonnes de poulets, provenant de Clessé) et, plus insolite, 4 100 kg de chaussures « André » !
Le tarif est alors de 1 franc pour le bétail, et pour les marchandises il est de 70 centimes pour moins d’1 tonne, 1 franc pour 1 à 2 tonnes et 1,20 franc pour plus de 2 tonnes.
A cette époque, on retrouve dans les utilisateurs des noms bien connus des leunais : Berthoux, Futelot, Jullin, Pothier, Rongier, Sevelinge, Tavernier... 
En 1969, le tarif devient unique, quelle que soit la marchandise : 2 francs par pesage, puis en 1976 il passe à 5 francs (à titre de comparaison, en 1969 le prix d’une baguette de pain est de 57 centimes, et en 1976 de 1,10 franc)

LA FIN DU POIDS PUBLIC

Le poids public reste tenu par la personne en charge de l’épicerie avec laquelle la mairie continue d’appliquer la règle du « 50/50 » en termes de rémunération. Après la fermeture du commerce, Gabriel Berthoux, entrepreneur de travaux publics est nommé puis Daniel Farre en 1973 ; enfin, c’est Marius Ducroux, nommé en janvier 1976 qui sera le dernier préposé au poids public.
En effet, l’activité de pesage étant devenue marginale, le conseil municipal réuni le 17 octobre 1976 sous la présidence du maire Henri Jullin vote à 10 contre 1 la suppression du poids public et propose de l’aménager en arrêt de bus.

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