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PETIT RETOUR EN ARRIERE...
Avant la révolution, sonner la cloche de l’église avait pour but d’informer la population des cérémonies religieuses, mais aussi de rythmer la journée, de réunir les habitants pour les évènements ou décisions importantes concernant la commune et bien évidemment informer la population en cas de besoin comme lors des incendies par exemple. En ce qui concerne les décisions importantes prises au niveau du village, on retrouve quasi systématiquement dans les documents la même formule : «Le peuple assemblé au son de la cloche à la manière accoutumée au devant de la porte de l’église St Bonet dudit Charbonnière [aux Renauds] à l'issue de la messe paroissialle célébrée en leur église, il a été décidé … »

LA CLOCHE DE L’ANCIENNE EGLISE DES RENAUDS
Fin 1768, la cloche de l’église des Renauds est cassée et des discussions ont lieu entre les représentants des habitants, les « Hauts » du village (ceux qui payent les impôts) et les sœurs carmélites de Mâcon qui sont également les Dames de Charbonnières depuis 1678. La décision est prise de fondre ce qui reste de la cloche et d’en refaire une nouvelle de même poids : « 367 livres ».
Le marché est conclu avec François Baret, maitre-fondeur demeurant à Choiseul (Haute Marne) qui s’engage à fournir une nouvelle cloche pour 470 livres.
Le 22 octobre 1769 la cloche, comme c’est la coutume, est bénie au cours d’une cérémonie officielle et le descriptif de la cérémonie est inscrit dans le cahier paroissial (qui sert d’état-civil) entre le baptême de Claude Moras le 19 avril et le décès de Martin Choquier ce même 22 octobre 1769. Comme dans tout baptême, un « prénom » est attribué à la cloche, ainsi que des parrains et marraines, dont les noms sont gravés tout autour de la cloche. Le nom attribué à la cloche est celui de « Pierrette, Marguerite et Magdeleine-Victoire », reprenant les prénoms du parrain, le curé de l’époque Pierre Piquand, et ceux des deux marraines, Dame Marie-Marguerite du St-Esprit sous-prieure de la communauté des religieuses carmélites de Mâcon et Dame Marie-Victoire de St Gabriel, dépositaire de ladite communauté. La bénédiction est donnée par Claude-Joseph Mioland, curé de St Martin de Senozan, assisté de Claude-Etienne Méziat curé de Satonnay et d’Etienne Périaud curé de Vésines.
Néanmoins, comme des travaux pour renforcer le clocher sont nécessaires, la cloche reste au sol dans l’église et n’est installée que trois ans plus tard en 1772.

LE 22 FLOREAL AN SECOND (11 mai 1794)
Dans le cadre de la Révolution, le décret n°1256 de la Convention Nationale du 23 juillet 1793 ordonne qu’il ne soit laissé qu’une seule cloche dans chaque paroisse et que toutes les autres cloches soient mises à la disposition du Conseil exécutif ; ce dernier est alors tenu de les faire parvenir aux fonderies dans un délai d’un mois, pour y être fondues en canon.
Il est néanmoins spécifié que dans les églises où il n’y a qu’une seule cloche, il suffit de retirer la corde. Le 22 floréal an 2 (11 mai 1794), le citoyen Faucheux s’est présenté devant le conseil de Charbonnières pour récupérer la corde, ce qui a été consigné sur le registre des délibérations : « Nous avons remis au chef-lieu de canton la corde de notre clocher dont le citoyen Faucheux nous a fait une décharge ».
Néanmoins, après de nombreuses réclamations pour rétablir le « son des cloches » qui était le seul moyen d’alerter la population, le décret du 3 ventôse an 3 rétablit la liberté des cultes et on réentend peu à peu les cloches sonner en France. 

LA NOUVELLE EGLISE
Lors de la construction de l’église actuelle, il est décidé, pour des raisons de coûts, de conserver la cloche de l’ancienne église des Renauds et en conséquence de ne concevoir le clocher de la nouvelle église que pour une seule cloche. C’est ce qui est fait, et en 1857 le transfert et l’installation de la cloche sont réalisés.
Si notre église date de 1857, la cloche compte presqu’un siècle de plus !